vendredi 5 juillet 2013

Idées contre le chômage

Le taux de chômage en Equateur est de 4.6%, un chiffre qui ferait rêver les gouvernements européens englués dans la crise. Une des raisons de ce faible taux de chômage est l'existence de multiples emplois débiles qui ne servent à rien ou presque, mais qui sont de vraies institutions ici en Equateur. Ci-dessous deux exemples dont on pourrait s'inspirer pour les adapter ou même en inventer d'autres:

Hurleur de bus.
Dans tous les bus d'Equateur il y a en plus du chauffeur au moins un assistant. Il a 4 fonctions:
- hurler aux personnes qui souhaitent monter dans le bus "suba suba suba suba suba subaaaaaa..." (= "montez montez montez montez montez monteeeeez...")
- encaisser les 25cts passagers pour aussitôt les donner au chauffeur (ça aurait été plus rapide de les donner directement au chauffeur...)
- hurler aux passagers qui sont dans le bus "siga siga siga siga siga sigaaaaaa..." (= "allez allez allez allez allez alleeeeeez"), notamment pour qu'ils se serrent bien au fond afin de faire rentrer un maximum de gens dans le bus
- hurler aux passagers qui souhaitent descendre "baja baja baja baja baja bajaaaaaa..." ("descendez descendez descendez descendez descendez descendeeeeez...")
Bon voilà comme c'est quand-même pas mal de boulot ils sont souvent deux voire trois pour faire tout ça, et puis surtout ils discutent avec le chauffeur pour le distraire un peu. Je pense que c'est surtout ça l'intérêt car franchement hurler aux gens qui ont envie de monter: "montez", et aux gens qui ont envie de descendre: "descendez" c'est léger en termes de valeur ajoutée.

Parasite de stationnement.
A Quito quand on souhaite se garer, il arrive de devoir payer 25cts à un type comme celui-ci qui s'est approprié tout ou partie d'une rue. Son travail consiste à repérer les voitures en train de se garer, à s'en approcher en sifflant et en agitant un chiffon rouge, et parfois à leur donner de vagues indications pour réussir leur créneau. Ses outils de travail sont donc un chiffon rouge et accessoirement un gilet fluo. Certains ont aussi un sifflet, mais c'est plutôt un signe d'incompétence tant l'art de siffler avec sa bouche fait l'orgueil de cette profession, et même de la nation équatorienne dans son ensemble pour laquelle c'est le moyen de communication privilégié, devant le klaxon (2è) et le langage (3è). Une fois les 25cts extorqués il se rassoit et attend qu'un autre véhicule convoite une de "ses" places. Bien sûr ce n'est absolument pas légal, les zones de stationnement payant sont très rares à Quito et concentrées sur une petite partie du centre ville, mais c'est une pratique qui est entrée dans les mœurs. J'ignore encore deux choses qui m'intriguent:
- Comment font-ils pour affirmer leur "territoire"? Y a-t-il un système informel de répartition, ou cela se joue-t-il en duel au couteau par exemple?
- Quelle peut-être l'origine d'une telle vocation chez ces individus, qui passent leurs journées à faire se garer des véhicules qui sont déjà en train de se garer?

Voilà donc ma contribution à la réflexion nationale pour trouver des solutions au chômage. Certes ces métiers ne servent absolument à rien mais au moins ils ne polluent pas les nappes phréatiques et ne provoquent pas des séismes en défonçant toutes les couches du sous-sol comme l'exploitation du gaz de schiste, qui semble être la seule idée ayant gagné les faveurs nos gouvernants jusqu'à présent.

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